12. Poursuite des activités

Remplir le sondage sur « Les ailes du rêve »

Le comité organisateur lance et publicise de nouvelles activités de financement. Waban apprend à mieux se comprendre lui-même.

Réunion du comité : relance des activités de financement


Valentine - Alors, qui anime aujourd'hui ?
Claudie - Je peux animer, ça ne me dérange pas.
Valentine - Moi non plus, ça ne me dérange pas.
Rodrigue - Moi, je proposerais Éric. Éric, est-ce que ça te dérange, toi ?
Éric - Ah! Ah! Ah ! Pas plus que Claudie et Valentine.
Rodrigue - Bon. Alors, les filles ? (Silence de Claudie et Valentine)
Rodrigue - Ohé! Y a quelqu'un ici qui parle français et qui ressemble à une fille?
Claudie - Bon… d'accord.
Valentine - Bof ! Ok.
Rodrigue - Ça a l'air d'être tout un sacrifice ! Saviez-vous que les gars aussi peuvent animer !
Claudie - Ben oui, on le sait. C'est juste qu'on aime ça participer.
Rodrigue - Surtout si on mène, hein ? Bon. Très bien. À toi, Éric.
Éric - Merci. Je suggère qu'on commence avec Rodrigue et Valentine, pour savoir ce que l'agence de voyage vous a dit.
  Rodrigue et Valentine rapportent les informations que l'agente de voyage leur a données.
Claudie - Ça veut dire qu'on a encore pas mal de boulot pour atteindre notre montant.
Valentine - Il faudrait trouver l'argent assez vite, car plus on approche de la date de départ, plus les billets risquent de nous coûter cher.
Rodrigue - On va devoir faire un blitz de promotion et d'activités.
Éric - À la réunion de recrutement au début, on avait suggéré toutes sortes d'activités de financement. Ce serait le temps de les mettre à exécution.
Rodrigue - On a ça ici dans le cartable des notes de réunion. Offrir nos services aux gens pour faire du ménage chez eux, du gardiennage… préparer des mets qu'on peut vendre… laver les vitres… faire un lav-o-thon, pelleter, couper du bois… monter une exposition d'œuvres produites par des jeunes… faire un bingo, vendre des billets moitié-moitié.
Éric - Qui va s'occuper de quoi ? Il faudrait que chacun d'entre nous choisisse une activité et se monte une petite équipe de participants.
Valentine - Les moitié-moitié, moi, je pourrais faire ça.
Claudie - Moi, l'idée de l'exposition m'intéresserait.
Rodrigue - On pourrait peut-être combiner ça avec un bingo ou une activité sociale.
Claudie - Peut-être bien. Ça va demander de l'organisation.
Rodrigue - Dans ce cas-là, je vais embarquer avec toi.
Éric - Moi, je pourrais organiser des samedis après-midi tout inclus : lavage d'auto + ménage + coupage de bois.
Claudie - Le gardiennage et les p'tits gâteaux, on n'a personne. Valentine, pourquoi tu t'organiserais pas pour vendre des gâteaux en même temps que tes moitié-moitié ?
Valentine - Vas-tu m'aider à en faire ?
Éric - On se fera un party de préparation de gâteaux. Comme ça, on pourra y goûter en même temps.
Rodrigue - Je suis pas sûr qu'on va faire beaucoup d'argent avec ta méthode !
Valentine - J'ai une idée : Éric, tu vas nous aider à préparer les gâteaux, mais aussitôt qu'on les mettra au four, on t'expulse du party. Ah! Ah! Ah!

Les piles se rechargent



Waban chez l'intervenant

Int - Comment ça va ?
Waban - Pas trop mal. J'ai rien consommé de toute la semaine, sauf un joint de mari, samedi.
Int - Désolé de vous contredire, honorable Waban, mais un joint de mari, on ne peut pas appeler ça rien ! Ceci dit, c'est tout de même un progrès. Comment as-tu réussi ça ?
Waban - J'ai sorti ma guitare. J'avais les doigts rouillés. Et puis je suis allé marcher avec une copine que je n'avais pas vue depuis un certain temps.
Int - Est-ce que ça te tente de m'en parler ?
Waban - Ben… c'est une fille qui était dans le projet de voyage avec moi. Elle aussi a des problèmes de drogue, mais elle essaie de s'en sortir.
Int - Ressens-tu toujours cette envie d'explorer et d'expérimenter que tu avais au début de ton projet ?
Waban - J'essaie juste de ne pas penser à la drogue et d'avoir une vie plus équilibrée. Je dors un peu plus. Je me sens plutôt au neutre, comme si j'étais momentanément à côté de moi-même.
Int - Tu es en train de récupérer. Les abus de santé quand on se drogue, ça use. Dans tes études, comment ça se passe ?
Waban - Je me concentre mieux. Mais je sais que j'ai une pente à remonter pour retrouver mon niveau d'avant.
Int - Et ton projet de voyage ?
Waban - Ce n'est plus mon projet.
Int - Ça ne t'intéresse plus ?
Waban - Je n'y pense plus vraiment. De toute façon, les gens du comité ne voudront plus me voir là. Je leur ai fait du tort.
Int - Oh ! la ! la ! On ne rit plus : coupable ou innocent, zéro ou 100% . Est-ce que les choses sont si définitives que ça ? Dans la vie, tout le monde fait des erreurs. L'important est de se relever. Et tout n'a pas été négatif : c'est quand même toi qui a eu l'idée de ce projet.
Waban - Oui, mais même si je voulais, je ne pourrais pas me représenter là tant que je n'aurai pas arrêté de consommer.
Int - Ça s'en vient. Avant de consommer, quel genre de relation avais-tu avec tes parents?
Waban - Ça allait bien. J'ai jamais eu de problème avec mes parents. Ils m'ont toujours fait confiance.
Int - Et depuis que tu consommes, y a-t-il eu un changement de ce côté-là ?
Waban - Ils sont tristes de me voir comme ça. Mon état de santé les inquiète, parce que j'en ai perdu un peu. Ça donne aussi un mauvais exemple pour mon petit frère. Ils essaient d'en discuter avec moi, mais ils ne savent pas trop comment. Moi non plus je ne me sens pas à l'aise de parler de ça avec eux. Je les écoute mais je ne dis rien.
Int - Tu penses qu'ils ne te comprendraient pas ?
Waban - En fait, je n'ai jamais beaucoup parlé avec eux des choses qui m'intéressent vraiment ou qui me préoccupent.
Int - Dirais-tu qu'il y a un fossé entre toi et tes parents ?
Waban - Un fossé ? En tout cas, une distance, oui. Il y a quelque chose qui me fatigue beaucoup. Ma mère me voit encore comme si j'étais un petit garçon. En même temps, elle me met quasiment sur un piédestal. Mais moi, je n'ai pas besoin de me faire câliner ni adorer. Des fois, je voudrais juste pouvoir parler des vraies affaires, simplement.
Int - Serais-tu d'accord pour qu'on fasse une rencontre avec tes parents ? Vous auriez avantage à trouver une façon de vous parler. C'est rarement aussi compliqué qu'on l'imagine.
Waban - Je ne dis pas non, mais pour tout de suite, je n'y tiens pas tellement.
Int - Très bien. On verra ça une autre fois.

Claudie et Rodrigue à la radio communautaire


Animateur radio - Cette semaine, à notre émission Le tam-tam communautaire nous recevons Claudie et Rodrigue, du comité d'organisation du projet « Les ailes du rêve». Bienvenue à notre émission.
Claudie-Rodrigue - Merci.
Anim - Pouvez-vous expliquer à nos auditeurs en quoi consiste votre projet ?
Claudie - C'est un voyage de groupe en France, organisé par des jeunes et pour des jeunes, avec l'appui de la Maison des jeunes, et qui aurait lieu l'été prochain.
Anim - Ce projet est en cours depuis déjà un certain temps, n'est-ce pas ?
Claudie - Oui, tout à fait. Ça fait déjà plusieurs mois qu'on travaille à ça.
Anim - Vous dites « un voyage qui aurait lieu ». Donc, ce n'est pas certain.
Rodrigue - Ce n'est pas certain parce qu'actuellement on a n'a pas encore réussi à recueillir tout l'argent qu'il nous faudrait. Alors on préfère parler au conditionnel. Mais nous avons quand même atteint au-delà de 50% de notre objectif financier et ça augmente régulièrement.
Anim - Quels sont vos moyens de financement ?
Claudie - Nous avons différentes activités, comme des soupers communautaires, de la collecte de canettes et autres objets, et à partir de maintenant, on offre aussi des services.
Anim - Quel genre de service ?
Rodrigue - On offre des samedis de brillance.
Anim - Des quoi ???
Rodrigue - Des samedis de brillance.
Anim - Alors là, mon ami, vous me perdez complètement. Ça demande une explication !
Rodrigue - Un samedi de brillance est un service complet de ménage extérieur, de lavage de vitres, de pelletage, de nettoyage de véhicule, de coupage de bois si vous en avez, et de rangement dans le garage. On fait ça sur demande chaque samedi. Quand on a fini, tout brille chez vous.
Anim - Ah! bon. C'est donc ça ! Et on vous contacte comment pour avoir ce service ?
Rodrigue - Vous appelez à la Maison des Jeunes.
Anim - Quelles autres activités préparez-vous ?
Claudie - Nous préparons actuellement une grande exposition de travaux artistiques réalisés par des jeunes sur le thème du voyage. À la fin de l'exposition, nous ferons un encan ou un bingo pour les vendre. Alors, s'il y a des jeunes qui veulent voir leur œuvre exposée, ils n'ont qu'à nous contacter.
Anim - Vous ne manquez pas d'initiative.
Claudie - Je voudrais mentionner aussi nos gâteaux moitié-moitié.
Anim - Vous me vendez une moitié de gâteau ?
Claudie - Des jeunes vont passer chez vous pour vendre des billets moitié-moitié et des petits gâteaux que nous confectionnons nous-mêmes avec l'aide des cantinières de l'école secondaire. Mais vous mangez tout le gâteau.
Anim - Eh! bien, ça bouge à la Maison des Jeunes ! Vous avez de l'imagination à revendre.
Claudie - C'est ce qu'on fait : on imagine, on prépare et on revend.
Anim - Ah! Ah! Ah! Bien placé. Mes amis, je vous souhaite la meilleure des chances et je suis certain que nos auditeurs ne manqueront pas de vous encourager.
Claudie-Rodrigue - Merci.

Ce que Waban voulait dire



Waban chez l'intervenant


Int - Bonjour Waban. Comment va la forme ?
Waban - Assez bien. J'ai commencé à faire des grandes marches. Le matin, je fais des push up. Je retrouve mes forces. Ma concentration est meilleure.
Int. Excellent ! Ce sont de bonnes nouvelles, ça. Tâche de continuer. Quand on s'est quitté la dernière fois, on avait parlé un peu de ta famille. Qu'est-ce qui se passe de ce côté-là ?
Waban - C'est à peu près pareil. Mes parents me demandent si ça va bien avec vous. Mais on sent toujours un malaise. Je m'occupe un peu plus de mon petit frère. Je lui parle plus souvent. Des fois, je joue avec lui.
Int - Comment réagit-il ?
Waban - Il est content de ça. Mais en même temps, il semble un peu méfiant, comme s'il se demandait ce qui me prend tout d'un coup et qu'il n'était pas certain que ça va durer.
Int - J'ai repensé à ce que tu m'avais dit à propos de l'attitude très maternante de ta mère. Parfois, les mères ont tendance à couver un peu trop leur garçon, ça se voit souvent. Mais dans le cas de ta mère, peut-être y a-t-il quelque chose en toi qui l'encourage à agir ainsi.
Waban - Hein ! Moi, je l'encourage ? Qu'est-ce que vous voulez dire ?
Int - Je veux dire que s'il t'arrive souvent de vouloir obtenir certaines choses tout en évitant de fournir l'effort nécessaire, tu deviens un peu comme un enfant qui veut avoir le beau jouet, tout de suite là, sans comprendre qu'il faut d'abord gagner l'argent. Alors, pour ta mère c'est peut-être un signe que d'une certaine manière, tu restes encore un petit garçon, et sans trop s'en rendre compte elle te traite en conséquence.
Waban - Wow ! C'est tout un raisonnement. Vous allez chercher ça loin. Je n'ai jamais eu cette impression-là.
Int - Je ne dis pas que j'ai raison. Mais si je me souviens bien, ce qui t'a fait décrocher de ton projet, c'était d'avoir à faire certaines tâches qui ne te plaisaient pas.
Waban - Certaines tâches ne m'intéressaient pas, mais ça ne veut pas dire que je ne suis pas capable de faire des efforts soutenus.
Int - Je n'en doute pas une seconde. Je veux seulement souligner qu'on ne peut rien réaliser concrètement si l'on n'est pas prêt à accomplir toutes les tâches que ça exige, y compris celles qui nous plaisent moins. Alors, quand on s'aperçoit que certaines tâches liées à un objectif ne nous conviennent pas, on a le droit de changer d'objectif.
Waban - Changer d'objectif ? Êtes-vous en train de me dire que vouloir voyager, ce n'était pas un bon objectif ?
Int - Non, absolument pas. Mais plus l'objectif est ambitieux, plus les exigences vont être nombreuses. Un voyage de groupe en Europe pose plus d'exigences qu'une ballade de fin de semaine. C'est normal, non ?
Waban - Je le sais.
Int - Alors, la vraie question, c'est de savoir si l'objectif qu'on poursuit nous motive suffisamment pour qu'on soit prêt à faire toutes les tâches que ça exige, et aussi longtemps que c'est nécessaire. Jusqu'à quel point ça te motivait de faire un voyage ?
Waban - Beaucoup.
Int - OK. Ça c'est clair. Maintenant, lorsque tu étais dans le projet, il t'arrivait de te sentir moins motivé ?
Waban - Oui.
Int - Trouvais-tu ça normal d'être moins motivé parfois ?
Waban - Non. J'aurais dû garder ma motivation.
Int - Comment te sentais-tu quand ta motivation baissait ?
Waban - Je me sentais amorphe.
Int - Et qu'est-ce que tu faisais ?
Waban - Ben, c'est à ce moment-là que j'avais le goût d'essayer des drogues.
Int - Waban, ici on touche un point très important. Crois-tu vraiment que c'est anormal d'avoir parfois des baisses de motivation, surtout quand l'objectif qu'on poursuit est ambitieux et à long terme ?
Waban - Je ne sais pas… peut-être que ce n'est pas anormal.
Int - Te voyais-tu comme quelqu'un qui avait l'obligation d'être sans faiblesse?
Moi, quand j'arrive au travail le matin, il m'arrive d'être moins motivé. Est-ce que je suis anormal ? Est-ce que je devrais abandonner mon travail ? Si je réagissais comme toi tu as réagi, je devrais me droguer et démissionner.
Waban - Ben non.
 

Quand il vous arrive d'être moins motivé, que faites-vous pour retrouver votre énergie ?
 
Int - Vois-tu, Waban, lorsque la motivation baisse, on doit se concentrer encore davantage sur notre objectif pour raviver notre intérêt, comme quand on souffle sur une braise pour réactiver la flamme : la lueur du feu ne fera pas disparaître les obstacles, mais elle indique la direction à suivre à travers la grisaille quotidienne.
Waban - La lueur du feu, justement, je ne la voyais plus.
Int - Au lieu de consommer, aurais-tu pu réagir autrement ?
Waban - J'aurais peut-être pu en parler aux autres. Mais je ne voulais pas diminuer leur motivation à eux avec ma propre déprime.
Int - Tu as le sens de la solidarité. Mais si c'était à refaire, qu'est-ce que tu ferais ?
Waban - C'est sûr que je n'irais pas consommer. Mais je sais pas si j'en parlerais, parce que je ne suis pas certain qu'on me comprendrait.
J'ai essayé une fois de le dire à une fille du groupe et j'ai vu que c'était difficile d'exprimer ce que je ressentais exactement. C'était comme si les mots me trahissaient.
Int - Si tu me l'exprimes à moi, comment me le dirais-tu pour que je comprenne ?
Waban - Ben… Je ne m'attendais pas à ce que la planification, les objectifs, l'argent, les canettes, l'hébergement, tout ça… je ne m'attendais pas à ce que ce genre d'effort-là prenne toute la place en partant...
Int - Continue. Va jusqu'au bout de ta pensée.
Waban - Je n'avais pas peur de faire ma part puis de fouiller dans la documentation, de ramasser des canettes… des allumettes, des cacahouètes… des… des casquettes, des… trottinettes, des bobettes et tout ce qu'on veut, mais… c'est comme si tout à coup ces tâches-là étaient devenues déconnectées de mon rêve. Dans le comité, on parlait seulement de détails pratiques, mais j'aurais aimé qu'on parle aussi de la culture, de toute l'histoire des gens qu'on allait visiter.
Int - Si je te comprends bien, ton rêve, ce n'était pas uniquement le voyage physique que vous alliez faire: pour toi, le voyage commençait avant, avec l'élargissement de ta pensée aux réalités d'un autre pays et de sa culture, et si on amputait cet aspect-là, tu ne te retrouvais plus dans ton projet.
Waban - Oui, en plein ça ! On ne va pas visiter des objectifs pi des noms sur une carte, on va voir du vrai monde, des lieux qui ont… euh...
Int - Une âme !
Waban - Oui ! c'est ça ! Une âme ! Une histoire !
Je me sentais frustré là-dedans, moi. J'ai pensé qu'en prenant des drogues, je pourrais retrouver un peu la flamme du rêve, mais tout ce que j'ai réussi, ç'a été de me planter.
Int - Pensais-tu sérieusement qu'en prenant de la drogue tu comblerais ton rêve ou si c'était juste un prétexte que tu te donnais pour consommer ? Parce que tu avais le goût aussi d'explorer ça, pas vrai ?
Waban - C'est vrai, mais... quand j'ai vu ce que la drogue faisait, j'ai compris assez vite que ç'était peut-être plus dangereux qu'intéressant. Par exemple, je ne tenais pas tant que ça à essayer l'ecstasy. En même temps c'était aussi une façon de me venger de la situation et j'ai continué.
Int - Te venger de la situation. Hum!
Ou de ton équipe, plutôt ? «Je ne suis pas d'accord avec vous et je ne parviens pas à vous l'expliquer, alors regardez ce que je fais, je suis en train de me détacher de vous.»

Que pensez-vous des réactions de Waban ? Waban avait tout simplement un problème de drogue et il ne voulait pas perdre la face en l'admettant.
Waban a vécu une déception en voyant comment le projet évoluait. Comme il ne parvenait pas à formuler clairement son malaise, il s'est tourné vers la drogue pour oublier son problème.
Waban était pris dans une contradiction :il voulait fuir son malaise dans la drogue tout en le cachant aux autres et en même temps, il espérait qu'on s'apercevrait que quelque chose n'allait pas.

Waban - Ouais. Il y avait quelque chose de ça. Mais à un moment donné, la drogue a pris le dessus et c'est devenu un but en soi : je voulais juste consommer.
Int - Je crois qu'aujourd'hui tu as mis le doigt sur quelque chose d'essentiel. Peut-être que tu devrais aller expliquer aux membres de ton comité ce que tu m'as confié.
Waban - Pourquoi ?
Int - Parce qu'il est important de savoir nommer ce qu'on vit, d'abord pour mieux se comprendre soi-même, ensuite pour bien communiquer avec les autres.
Waban - Je vais avoir l'air d'un gars qui chercher à se justifier et à se faire pardonner. Ça ne m'intéresse pas.
Int - Il ne s'agit pas de ça.
Ce que tu m'as exprimé, je crois que ce serait bénéfique pour eux aussi de l'entendre, parce que ta réflexion apporte quelque chose d'enrichissant pour tout le monde. Il faut apprendre à se battre pour les choses auxquelles on croit. Voilà pourquoi.

Si Waban avait senti que sa vision du voyage était partagée par le comité, aurait-il été moins porté à consommer ?
Non, ça n'aurait rien changé parce que son désir d'explorer les drogues était plus fort que toute autre motivation.
Oui, il aurait continué à s'impliquer dans son projet et ça l'aurait détourné des drogues.
Il aurait peut-être consommé quand même, parce que c'est ce qu'il voulait, mais il se serait arrêté avant de tomber dans l'abus.
Ça l'aurait aidé à ne pas consommer, mais il aurait dû faire un effort pour vaincre son attirance.


Les petits gâteaux



Un soir, dans la cuisine de l'école

 
Claudie, Valentine, Rodrigue, Éric et une cantinière●, un soir

Valentine - Si ma mère voyait tout l'équipement qu'il y a ici, elle deviendrait folle.
Éric - Que ta mère devienne folle, ça nous dérange pas trop. Mais toi, essaie de te retenir parce qu'on a vingt-quatre douzaines de gâteaux à produire.
Valentine - Mmm ! Une chance que je suis restée en vie jusqu'à aujourd'hui, sinon je n'aurais jamais su que t'étais comique, toi.
Claudie - S'il-vous-plaît, pas de chicane de couple à l'intérieur de l'école !
Valentine - Aie! Mets-toi pas à lancer des rumeurs comme ça, sinon je décampe.
Rodrigue - Éric, es-tu content de savoir que t'es une rumeur indésirable ?
Cantinière - Bon, les jeunes, au lieu de vous picosser, montrez-moi donc ce que vous avez apporté pour être sûr qu'il ne nous manque rien. Après, vous irez vous laver les mains et vous mettrez votre réticule : je ne veux pas voir un seul petit bout de poil dans ma pâte. Moi, pendant ce temps-là, je vais allumer le fourneau.
Éric - Oui, ma générale !
Rodrigue - À vos ordres culinaires !
Claudie - Le souper-spaghetti, les canettes de liqueur, les bouteilles, la pâte à gâteau, ce n'est plus un voyage qu'on prépare, c'est un diplôme en cuisine de camp de vacances ! Il nous manque rien qu'un stage de travail dans un stand de patates frites.
Valentine - Aie ! On pourrait faire un party de hot-dogs. C'est toujours populaire, ça.
Éric - Oh! oui. Avec un billet moitié-moitié au milieu de la saucisse.
Rodrigue - En même temps, on se ferait une petite provision pour l'avion. On pourra en offrir au pilote.
Éric - Un stand de patates frites, c'est bon aussi pour les rumeurs.
Rodrigue - Il faudrait se trouver un commanditaire pour la moutarde.
Valentine - On a deux comiques. C'est mon soir de chance.
Claudie - Les gars, avoir su que les hot-dogs pouvaient vous transformer en génies, on vous en aurait donné avant.
Valentine - Ah! Ah! Ah!

Un peu plus tard

Cantinière - Pendant que les gâteaux refroidissent, on va nettoyer et tout remettre à sa place. Demain matin, si les filles ne retrouvent pas leurs affaires bien propres et en ordre, elles seront pas contentes.
Rodrigue - J'espère qu'il va s'en vendre, des p'tits gâteaux, parce qu'on est encore loin de notre objectif.

Deuxième message de Waban à Claudie

Salut Claudie,
J'ai écouté votre émission de radio. C'était super ! Je suis content de voir que le projet est en bonne voie. Il y a des jeunes qui viennent ici vendre des choses pour le financement. On les encourage. Les gâteaux sont bons.
À votre prochaine réunion, j'aimerais rencontrer le comité. Ou à une autre réunion. Pas longtemps, juste quelques minutes. Il y a certaines choses que je tiens à vous dire. Ou sinon, juste toi et Rodrigue.

Waban