10. Le projet est en péril

Remplir le sondage sur « Les ailes du rêve »

L'accumulation de difficultés mettent maintenant le projet en péril. Rodrigue raconte un incident qui lui est arrivé le soir du souper-spaghetti. Chacun de leur côté, Waban et Marilou se retrouvent en relation d'aide. Une décision importante doit être prise.


Le lendemain du souper-spaghetti

Claudie à Rodrigue : Le Coordonnateur veut nous rencontrer à notre prochaine réunion.

Rencontre de Claudie et Rodrigue avec le Coordonnateur

Le soir : réunion

Sont présents : Claudie, Rodrigue, le Coordonnateur




Coord - Est-ce qu'il y a seulement vous deux ?
Claudie - Ça a l'air que oui.
Coord - J'entends dire qu'il y a des membres de votre comité qui auraient des problèmes de drogue, assez pour que les gens m'en parlent. C'est vrai ?
Rodrigue - Oui.
Coord - Je veux bien soutenir votre projet mais vous connaissez le règlement de la Maison des jeunes au sujet de la drogue. Si vous ne pouvez pas le respecter, moi je ne pourrai pas continuer à vous appuyer.
Rodrigue - Le problème est en train de se régler tout seul. J'ai vu Marilou aujourd'hui. Elle m'a dit qu'elle abandonnait le comité.
Claudie - Pourquoi ?
Rodrigue - Elle dit qu'elle en a assez de ne jamais être à la hauteur et de se sentir dévalorisée. Je lui ai dit qu'elle avait tort de penser ainsi, mais son idée était faite.
Claudie - Ça ne m'étonne pas. On sentait venir ça. Et ça a tout l'air que Waban a décroché lui aussi.
Coord - Qu'est-ce que vous comptez faire ?
Rodrigue - Je pensais m'être engagé dans une équipe, mais si on se retrouve à deux pour tout faire, il n'est pas question pour moi de continuer.
Claudie - On a réussi à intéresser plein de jeunes, les gens sont prêts à nous appuyer, puis tout d'un coup, ça s'écroule. Tout ça me paraît presque irréel.
Rodrigue - Ce n'est pas tout d'un coup. Ça faisait un bout de temps que Waban n'était plus vraiment avec nous. J'ai l'impression qu'il a commencé à décrocher dès qu'il a fallu accomplir des tâches concrètes.
Coord - Si je me souviens bien, c'est toi, Claudie, avec Waban, qui avez lancé ce projet. Sais-tu ce qui passe avec lui ?
Claudie - Je le sais pas du tout. Il nous évite. Dans le cas de Marilou, quand on connaît le genre de famille qu'elle a, on peut comprendre qu'elle ait des problèmes. Mais Waban !
Coord - Si vous décidez de continuer, vous allez devoir recruter deux autres membres rapidement, sinon vous n'aurez plus assez de temps pour préparer le voyage. Moi, je suis prêt à vous aider à les trouver .
Claudie - C'est chic de votre part. Mais ça va faire drôle de continuer avec d'autres sans que Marilou et Waban ne soient là.
Coord - Parlez-en entre vous et tenez-moi au courant.
Claudie-Rodrigue - Merci.

Claudie et Rodrigue seuls

Rodrigue et les saoûlons

Claudie - Si on arrête, on va décevoir beaucoup de jeunes.
Rodrigue - Ce qui me choque, c'est que l'odieux de la décision va retomber sur toi et moi, parce que c'est nous qui allons devoir annoncer ça.
Claudie - On doit à tout prix essayer de parler à Waban.
Rodrigue - Parle-lui si tu veux, mais à mes yeux c'est clair qu'il n'est plus fiable. Le coup qu'il nous a fait au souper-spaghetti, je ne veux pas revivre ça. Moi, j'ai l'impression que c'est foutu.
Claudie - Waban, j't'haïs !!! T'avais pas le droit de nous faire ça !
Rodrigue - Pour finir en beauté, veux-tu savoir ce qui m'est arrivé hier soir en sortant du souper ?
Claudie - Quoi ?
Rodrigue - En rentrant chez moi, je suis passé devant la cabane abandonnée. Deux gars et deux filles étaient dans la pénombre. Je les entendais rire. J'arrive à leur niveau et l'un des gars me crie d'approcher. C'était le grand Max, qui a lâché l'école au début de l'année.
Max - « Aie ! Es-tu capable de prendre ça, toi, de la bière ? »
  et il me tend sa canette. Ils étaient tous pas mal réchauffés.
Une fille - « Un p'tit gars à sa maman ? Voyons donc. » Ah! Ah! Ah! Ah!
Rodrigue - Non. Ça me tente pas maintenant.
  L'autre fille- «Un p'tit gars à son papa ! » You!hou!hou !
  Ils riaient comme des débiles.
Max - « Depuis que t'organises ton voyage, tu snobbes ceux que tu ne veux pas emmener avec toi ! »
Rodrigue - Pas du tout. Ça n'a rien à voir.
Max - « Dans ce cas-là, pourquoi tu veux pas prendre un p'tit coup avec nous-autres ? »
  Il m'accroche par le manteau en me parlant dans le nez :
« hanhanhanhan? » Ça se voulait un jeu, mais je savais bien qu'au fond il ne blaguait pas.
Rodrigue - Écoute, quand je voudrai prendre une bière, je le déciderai moi-même.
Max - Si tu veux pas prendre une bière, tu pourrais nous refiler du cash. Avec ton comité, tu dois faire de l'argent. On a besoin de speeds pour passer la soirée.
  Je me suis dégagé sans trop de peine, parce qu'il était déjà assez saoûl.
Rodrigue - « Amusez-vous bien.»
  Alors, il se met à gueuler dans mon dos :
Max - « On le savait que t'étais un chieux.»
  J'avais à peine fait quelques pas que je reçois une canette vide derrière la tête.
Max - « J'm'en vas t'organiser la face, moi. Tu vas en faire un beau voyage.»
  Je me retourne en le pointant. Il est grand mais il ne me faisait pas peur. Il l'a senti et il est devenu silencieux. Mais je me suis quand même dépêché de m'éloigner.

Claudie écrit à Waban

Mon cher Waban,
Puisque tu nous évites et qu'on ne peut plus te parler, j'ai décidé de t'écrire un mot.
Je ne comprends pas ton attitude ! Si le voyage ne t'intéressait plus, tu aurais pu nous prévenir. Au lieu de ça, tu te défiles et tu laisses tomber tous ceux qui te faisaient confiance. Marilou aussi est partie, mais elle a eu le cœur de nous avertir et avant de s'en aller, au moins elle a participé aux activités qu'elle s'était engagée à faire.
Nous avions un beau rêve. Mais quand est arrivé le temps de travailler concrètement à le réaliser, tu as décidé de rêver autrement. Apparemment, tu y vas fort dans la drogue. Bien sûr, ça te regarde. Je te ferai tout de même remarquer que ta façon d'agir a des conséquences autour de toi. Beaucoup de gens ont cru en nous. Je mentirais en disant que je ne t'en veux pas. Mais je suis surtout déçue.
Quelqu'un qui ne comprend pas,

Claudie

Quel scénario vous semble le plus probable ?
1- Waban va revenir et le comité va reprendre ses activités.
On aura seulement perdu un peu de temps.
2- Claudie et Rodrigue ne suffiront pas à la tâche et le projet va tomber.
3- Claudie et Rodrigue vont réussir à trouver d'autres personnes pour remplacer
Marilou et Waban et le projet va suivre son cours.
4- Le projet va continuer mais les jeunes vont manquer de temps et d'argent.
Leur voyage sera moins intéressant qu'il aurait pu l'être.


Waban chez l'intervenant

Intervenant - Qu'est-ce qui t'amène ici ?
Waban - J'ai un problème de consommation
Int - Comment t'es-tu retrouvé dans cette situation ?
Waban - Quand le projet de voyage a commencé, j'étais tellement excité que tout à coup j'ai eu le goût d'explorer plein de choses. Je me suis dit que la drogue faisait partie de ce qu'il y avait à explorer. Mais je ne voulais pas devenir un consommateur.
Int - Comment voyais-tu ça ?
Waban - Je voulais seulement toucher un peu à différentes drogues, juste pour savoir ce que c'était et ensuite arrêter. Je me disais que de cette façon n'y aurait pas de risque.
Int. - Penses-tu toujours qu'il n'y a pas de risque ?
Waban - Non. La drogue, c'est traître.
Int - Pourquoi ?
Waban - Parce qu'on se méfie pas. Au début, c'est beau, le plaisir est intense. Avec les speeds, ma capacité d'attention pouvait même augmenter. Alors je me disais qu'en prendre une fois de plus, c'était pas grave. La fois d'après non plus. J'en suis venu à consommer régulièrement mais dans ma tête, ce n'était jamais grave. Je refusais de me voir comme un consommateur et je me pensais capable d'arrêter n'importe quand.
Int - Rendu à ce stade, comment ça se passait pour toi ?
Waban - Chaque fois, ça me prenait plus de temps à m'en remettre. J'ai fini par avoir des problèmes d'attention, de mémoire. Je n'avais plus tellement d'intérêt pour les autres activités de la vie. Et là, je me suis aperçu que c'est difficile d'arrêter.

D'après vous, Waban aurait-il pu éviter d'en arriver là ?
 
OUI NON OUI
En évitant de confondre sa performance artificielle avec ses capacités naturelles. Il ne pouvait pas savoir que les drogues auraient cet effet sur lui avant d'avoir essayé. Au lieu de se fier à Victor, qui cherche à faire de l'argent comme pusher, il aurait pu se renseigner sérieusement sur les drogues.

Int - Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?
Waban - M'aider à me sortir de ça. Je peux encore arrêter par moi-même, mais je sais que c'est fragile. Mon fournisseur me tourne autour et parfois, c'est dur de résister.
Int - Te sens-tu en confiance avec moi ? Pour je puisse t'aider, il faut que tu sois prêt à me dire vraiment ce que tu vis et ce que tu éprouves.
Waban - Oui, je comprends.
Int - Je ne veux pas que tu me dises des choses uniquement pour me faire plaisir ou pour que j'aie une bonne opinion de toi.
Waban - OK

Claudie et Rodrigue délibèrent : poursuivre le projet ou laisser tomber ?

Rodrigue - Il faut se brancher. Si on maintient le projet, c'est urgent de le relancer maintenant et de recruter quelqu'un pour remplacer les deux autres, avant que tout le monde perde confiance.
Claudie - Je t'avoue que mon enthousiasme a pas mal diminué. Il est plus au niveau des genoux que du cœur. J'y croyais tellement que je ne voulais pas voir les problèmes de Waban !
Rodrigue - Moi aussi, mon intérêt a baissé. Mais y a plein de gens qui ont cru en nous.
Claudie - Je sais, mais on ne peut pas agir uniquement pour les autres. Ce n'est pas juste un petit projet de fin de semaine et une fois rendu au lundi, fini, bye! bye! Il faut que soi-même, on se sente encore personnellement motivé.
Rodrigue - Pour être franc, disons que si je m'écoutais, je lâcherais tout ça. Mais je n'aime pas abandonner ce que j'ai entrepris ; dans le sport, on apprend à être tenace. Alors, moi tout seul, non. Moi plus les autres, oui, ça me motive encore. L'océan Atlantique, les Alpes, j'aimerais voir ça.
Claudie - Paris, les châteaux… ça continue d'être mon rêve aussi. Mais ce n'est pas évident de reformer une équipe. La dynamique est à reconstruire.
Rodrigue - Pour ce qui est de la dynamique, la nôtre était devenue pas mal faible.
Claudie - C'est vrai. Mais ce que je veux dire, c'est qu'on doit quand même apprendre à travailler ensemble. Si on revit ce qu'on a vécu, il n'y aura jamais de voyage.
Rodrigue - Il ne faut pas exagérer la difficulté. Une équipe, ça se reforme. Et puis, on ne repartira pas à zéro, il y a déjà du travail de fait, les gens connaissent le projet, alors ceux qui veulent s'embarquer sauront exactement le genre de participation qu'on attend d'eux.
Claudie - Il va falloir recruter. On va se faire demander pourquoi les deux autres ne sont plus là.
Rodrigue - On n'a pas à donner d'explication. Ils sont partis et nous, on a besoin de deux personnes pour les remplacer, c'est tout. Si certains veulent en savoir plus, ils iront s'informer eux-mêmes.
Claudie - Les gens vont bien se douter pourquoi.
Rodrigue - On n'y peut rien. Ce n'est pas de notre faute à nous.
Claudie - Donc, on fait une réunion de participants et on recrute deux personnes.
Rodrigue - Faire une réunion juste pour ça ? On peut mettre une annonce sur le babillard.
Claudie - Une annonce, ça n'aura peut-être pas beaucoup d'impact. Aie! Je l'ai : on fait une réunion, on offre des postes à combler et on explique clairement les tâches à faire. Les personnes intéressées se présentent et on vote. Comme ça, s'il y plusieurs personnes, on n'aura pas à faire un choix nous-mêmes. Qu'est-ce que t'en dis ?
Rodrigue - Ouais! Ça a du sens. Mais si personne ne veut se présenter ?
Claudie - Ah! ben là ! Si personne n'est assez motivé pour prendre la relève, peut-être que le projet ne les intéresse pas tant que ça et qu'au fond, on a affaire à une bande de bébés gâtés qui ne sont pas prêts à se retrousser les manches.
Rodrigue - Hé! Hé! Hé! Une bande de Waban ! Ça veut dire qu'il va falloir être convaincant dans notre présentation, pour que les gens aient le goût de continuer à s'impliquer. Peut-être que le Coordonnateur de la Maison des Jeunes pourrait nous donner un coup de main.
Claudie - C'est une bonne idée. Je suis d'accord. À propos de Waban, il y a quelque chose qui continue de me tracasser. Son projet, il y avait pensé depuis longtemps. Il était sûrement conscient des tâches que ça exigerait. Il est un peu rêveur, mais on ne peut pas dire qu'il soit paresseux… C'est comme si quelque chose s'était cassé à un moment donné. Ensuite, il a commencé à décrocher.
Rodrigue - Tu sais, la drogue, ça joue des sales tours. C'est peut-être ça qui l'a fait basculer. T'as beau avoir toutes les qualités, avoir les poches pleines de rêves, tu peux te retrouver au plancher sans même savoir que t'es couché.

Marilou chez l'intervenante

Intervenante - Bonjour Marilou !
Marilou - Bonjour.
Int - C'est la directrice de l'école qui t'a référée à moi, n'est-ce pas ?
Marilou - Oui. Elle m'a dit de venir vous voir parce qu'elle a peur de me voir décrocher.
Int - Comment te sens-tu là-dedans ? As-tu l'impression d'être forcée de venir me voir ?
Marilou - J'ai pas trop le choix. Mais en même temps, ça me dérange pas.
Int - Euh… J'essaie de comprendre, là…. Ce que tu me dis, c'est que tu ne serais pas venue de toi-même, mais maintenant que tu y es, tu n'es pas fâchée qu'on puisse se parler. C'est ça ?
Marilou - Oui, c'est ça.
Int - Très bien. Alors, explique-moi ce qui inquiète ta directrice. Qu'est-ce qui lui fait croire que tu pourrais décrocher ? Marilou explique à l'intervenante sa situation de vie et son problème de drogue. Elles en viennent à parler de sa famille.
Marilou - Une bonne fois, j'aimerais ça que toute la famille se réunisse et qu'on parle de la drogue pour qu'ils sachent comment je me sens moi, là-dedans. Pas de cachette.
Int - Si tu essayais de parler à tes parents, de leur dire ce tu me dis à moi, de leur expliquer que tu te sens mal quand ils consomment ?
Marilou - J'ai déjà essayé. Mais chaque fois mon père se fâche. Il me dit qu'il ne tolèrera jamais de se faire dire comment vivre et que c'est l'école qui me met ces idées-là dans la tête.
Int - Et ta mère ?
Marilou - Elle aussi consomme. Elle dit que ça la relaxe, mais je pense que souvent aussi, elle essaie d'éviter la violence de mon père en le suivant dans sa consommation.
Int - Est-ce que tes parents accepteraient de venir me rencontrer avec toi ?
Marilou - Je ne sais pas. Ça m'étonnerait.
Int - Est-ce que ton frère aîné accepterait ?
Marilou - Je ne sais pas.
Int - As-tu quelqu'un d'autre dans ta famille à qui tu peux parler ?
Marilou - J'ai ma grand-mère, mais elle n'est pas en mesure d'intervenir.
Int - Les fins de semaine où ça brasse trop chez toi, peux-tu aller chez elle ?
Marilou - Je peux lui en parler. Mais si je pars chez elle, ma petite soeur va être toute seule.
Int - Tu veux la protéger.
Marilou - Oui.
Int - Mais quand toi-même tu consommes, tu ne peux pas l'aider beaucoup.
Marilou - Non, mais au moins, elle n'est pas toute seule avec les autres et elle a moins peur.
Int - Elle te l'a dit ?
Marilou - Non, mais je le sais parce qu'à son âge, moi aussi, je ressentais ça.
Int - Essaie quand même de parler à ta grand-mère. Peut-être qu'elle aura quelque chose à te suggérer.
Marilou - Je peux bien faire ça, mais ma grand-mère est malade et elle n'est pas toujours chez elle. Parfois, elle va passer quelques jours chez une de mes tantes.