11. Relance du comité

Remplir le sondage sur « Les ailes du rêve »

Après avoir frôlé l'échec, le projet est relancé avec de nouveaux membres dans le comité organisateur. On s'informe des démarches à faire concrètement pour les réservations d'avion et les déplacements durant le voyage. Waban et Marilou continuent leur cheminement personnel. Un nouvel événement survient dans la famille de Marilou.

Recrutement de deux nouveaux membres


  Claudie et Rodrigue tiennent leur réunion de participants et parlent des deux postes à combler au comité organisateur, en remplacement de Waban et Marilou.
  Claudie résume le travail déjà fait. Rodrigue explique alors les tâches qui restent à faire :
. continuer à recueillir tous les renseignement nécessaires pour établir
un itinéraire final, . faire toutes les réservations et les contacts outre-mer,
. s'occuper des passeports,
. s'informer des consignes concernant les bagages
. poursuivre les activités de promotion et de financement.
  On procède ensuite à l'appel de candidatures. Le groupe de participants finit par suggérer Éric et Valentine pour faire partie du comité. Ceux-ci acceptent.
 
  Le Coordonnateur de la Maison des Jeunes adresse ensuite aux jeunes des mots d'encouragement. Il conclut en disant :
Coord - Je tiens à souligner la persévérance de Claudie et Rodrigue dans leur travail pour le comité. Évidemment, ils ne sont pas les seuls à s'impliquer. Chacun et chacune d'entre vous apporte aussi sa contribution et c'est pour ça que vous êtes en train de réussir votre projet. Surtout, ne lâchez pas !

Les voyages imaginaires



Waban chez l'intervenant



Int - J'aimerais que tu me parles de ce qui a déclenché ta consommation. Tu m'as dit que le projet de voyage avait provoqué chez toi un désir de vivre plus intense.
Waban - Oui. J'ai pris conscience qu'il y avait plein de choses à faire dans la vie. Je me suis dit que si j'étais capable d'organiser un voyage, j'étais capable aussi de… de… de faire n'importe quoi. En tout cas, des choses qu'avant, je n'aurais même pas pensé à entreprendre.
Int - En te lançant dans la drogue, tu avais l'impression de faire quelque chose ?
Waban - Oui. Je sortais de ma routine.
Int - Pourtant, ton projet de voyage, c'était loin d'être routinier.
Waban - Parfois ça le devenait un peu.
Int - Ton projet devenait routinier ? Hum ! Il faudra que tu m'expliques ça. Avant, tu ne consommais pas ?
Waban - Non.
Int - Vois-tu une différence entre l'action d'organiser un voyage et l'action de consommer ?
Waban - C'est sûr que ce n'est pas pareil.
Int - Qu'est-ce qui n'est pas pareil ?
Waban - Pour organiser, il faut travailler à se documenter, à faire des plans, des activités de financement, des choses comme ça.
Int - Et avec la drogue ?
Waban - Avec la drogue, on ne travaille pas, on expérimente des états d'esprit.
Int - Et à quel résultat te mène cette expérimentation ?
Waban - Ben… Y a pas de résultat comme tel. On éprouve du plaisir. C'est tout. On n'a plus besoin de rien d'autre pour se sentir bien.
Int - Mais ça se passe dans ta tête, pas dans la réalité.
Waban - Ouais.
Int - Ensuite ?
Waban - On recommence.
Int - Et dans la réalité ?
Waban - Il ne se passe plus grand-chose.
Int - Quand t'es-tu rendu compte qu'il ne se passait plus grand-chose ?
Waban - Quand mes amis se sont mis à se plaindre du fait que je ne faisais pas les tâches que j'étais sensé faire.
Int - Comment as-tu réagi ?
Waban - Au début, je trouvais qu'ils exagéraient. Je me disais que personne n'allait m'empêcher d'explorer ce que je voulais. Mais à un moment donné, j'ai manqué une activité importante.
Int - Tu t'es senti comment à ce moment-là ?
Waban - Angoissé.
Int - Qu'est-ce qui t'angoissait ?
Waban - Je savais que j'avais mal agi. Je n'étais pas fier de moi. Mais je n'avais pas le courage de parler à mes amis.
Int - Tu craignais leur réaction ?
Waban - Un peu ça, oui, mais surtout j'aurais été obligé d'admettre ouvertement que j'avais un problème.
Int - Et qu'est-ce que tu as fait ?
Waban - J'ai cherché à consommer davantage.
Int - Tu m'as l'air d'avoir une vision lucide de ta situation. C'est important, ça, parce que tu ne cherches pas à te réfugier dans le déni.
Waban - Qu'est-ce que ça veut dire le déni ?
Int - Ça veut dire qu'on nie la réalité, qu'on ne veut pas admettre qu'il y a un problème, même si au fond on sait bien qu'il y en a un. À part le désir d'explorer, est-ce qu'il y a d'autres raisons qui t'ont amené à consommer ?
Waban - Ben, quand on a commencé à travailler au projet et que j'ai compris tout ce qu'il y aurait à préparer, ça m'a démotivé. Moi, ce qui m'intéressait, c'était le voyage, et tout ce que ça peut signifier, pas juste le ramassage de canettes ou l'organisation d'activités à n'en plus finir.
Int - Autrement dit, tu voulais arriver directement au but, mais sans effort.
Waban - C'est un peu ça, mais en même temps… non, c'est pas vraiment ça... Non, c'est pas ça. Je savais bien que ça demanderait des efforts, les canettes et tout le reste. Je suis pas idiot. Mais… je sais pas.
Int - Il faudra reparler de ça. Il y a là quelque chose que tu dois parvenir à éclaircir.

Première réunion du nouveau comité


Claudie - Bienvenue aux nouveaux. Comme c'est votre première réunion, je vais agir comme animatrice. Es-tu d'accord avec ça, Rodrigue ?
Rodrigue - J'ai pas envie de déclencher une guerre, je n'aurai pas assez de temps pour la gagner. Alors, oui.
Claudie - Ah! cher Rodrigue, je savais que tu avais une nature pacifique. Maintenant qu'on sait où on va et ce qu'on aimerait faire, on doit s'organiser concrètement.
Rodrigue - Il faudrait s'informer du prix des billets d'avion et commencer à penser aux réservations.
Valentine - Il faut aussi réserver des chambres d'hôtel. Je ne me verrais pas débarquer à vingt sans réservation.
Rodrigue - Ça va être surtout des auberges de jeunesse ou d'autres endroits comme ça.
Valentine - Qu'est-ce que c'est, des auberges de jeunesse ?
Rodrigue - Ce sont de petits hôtels avec des dortoirs de deux à six lits, pas chers et bien situés. On peut louer des vélos, faire des activités sportives, des visites, rencontrer d'autres jeunes venus d'ailleurs. On peut préparer aussi notre cuisine.
Éric - On doit savoir exactement l'endroit où on va être à telle date et le détail des activités.
Claudie - Ça, on l'a déjà fait en partie, mais ça reste à terminer.
Valentine - Comment on envoie l'argent ? Comment on fait les réservations pour le transport ?
Éric - On serait mieux de contacter une agence de voyage. Eux, ils sont au courant de tout ça.
Rodrigue - Ça va coûter plus cher que si on le fait nous-mêmes.
Valentine - Non, ça ne coûte pas plus plus cher parce qu'eux, ils marchent à commission avec les hôtels et les compagnies aériennes. Pour nous, le prix est le même dans les deux cas. La soeur d'une de mes amies travaille dans une agence et elle nous a déjà expliqué ça.
Claudie - Dans ce cas-là, allons-y au plus vite. Tu pourrais aller la voir, toi, Valentine. Avec toi, Rodrigue, t'es bon dans les détails pratiques. Qu'est-ce que vous en pensez ?
Les autres - OK
Claudie - Éric et moi on va compléter l'itinéraire détaillé.

Waban écrit à Claudie

Bonjour Claudie,
Juste un petit mot pour te dire que j'ai bien ton message de l'autre jour. Je sais que tu as raison de m'en vouloir. J'espère malgré tout que le projet va continuer. Actuellement, j'ai besoin de me retrouver et de comprendre ce qui m'arrive. Mais plus tard, on pourra se reparler.
Waban

À l'agence de voyage

Agente - Eh ! C'est Valentine ? Quelle surprise !
Valentine - Saluuuut ! (bises) Wow ! T'as un beau bureau.
Agente - Qu'est-ce qui t'amène ?
Valentine - Je suis dans un groupe de jeunes qui prépare un voyage de groupe en France à la fin de juin. Je te présente Rodrigue, qui est un des membres du comité organisateur.
Agente - Salut, Rodrigue.
Rodrigue - Bonjour ! Alors, c'est vous l'experte en voyage.
Agente - Une experte ? Ah! Ah ! Ah! Non, je ne suis pas une experte, mais j'essaie de bien faire mon travail.
Valentine - Ben oui, ben oui, on le sait que t'es une experte. Nous avons besoin d'avoir des informations sur les billets d'avion, les réservations, tout ça. Nous voudrions partir vers cette date.
Agente - Je vais faire une petite recherche... donnez-moi quelques secondes....bon, voilà : voyez-vous, cette compagnie offre des billets à prix économique pour Paris.
Valentine - Est-ce qu'on peut réserver ?
Agente - Avez-vous l'argent pour payer les billets ?
Valentine - Non, parce qu'on n'a pas fini d'amasser toute la somme. Est-ce qu'on peut réserver maintenant et payer plus tard ?
Agente - Non, Valentine, ça ne marche pas comme ça. Il faut acheter les billets au moment où on réserve, sinon il n'y a pas de réservation.
Rodrigue - Et pour l'hébergement, on procède comment ?
Agente - Nous avons une liste d'hôtels ou d'auberges, selon le prix que vous voulez payer.
Rodrigue - Avez-vous des auberges de jeunesse ?
Agente - Euh ! Non, ça on n'en a pas. Ce sont de trop petits établissements pour nous. Mais vous pouvez réserver vous-mêmes sur internet ou en téléphonant. Je peux vous montrer.
Rodrigue - Pour les transports, on fait comment ?
Agente - C'est la même chose. Je peux vous fournir des brochures avec des horaires de train et d'autocars.
Valentine - Qu'est-ce qu'un autocar ?
Agente - C'est un autobus spécialement pour les voyageurs. Puisque vous êtes en groupe, c'est préférable de réserver à l'avance. Il y a beaucoup de voyageurs durant l'été. Lorsque vous connaîtrez exactement votre itinétaire, je regarderai ça avec vous.
Valentine - Merci beaucoup. T'es ben fine !
Agente - N'oubliez pas non plus de demander vos passeports le plus tôt possible, sinon vous ne pourrez pas partir.
 
Rodrigue - Où est-ce qu'on demande ça ?
Agente - Voici des formulaires de demande. Vous n'avez qu'à suivre les instructions. Si vous avez d'autres informations, n'hésitez pas.
Valentine-Rodrigue - On va sûrement avoir d'autres demandes. Merci

Petite soeur s'en va



Marilou chez l'intervenante


Int - Alors, Marilou, quoi de nouveau depuis la dernière fois ?
Marilou - Une travailleuse sociale et un policier sont venus chercher ma petit soeur pour l'emmener dans une famille d'accueil.
Int - Ça s'est passé comment ?
Marilou - Y avait ma mère puis moi. Ma mère pleurait. Ils ont expliqué à ma petite soeur qu'il y avait des gens qui l'attendaient mais qu'elle pourrait revenir nous voir un peu plus tard.
 
Int - Et ton père ?
Marilou - Il s'est arrangé pour ne pas être là parce qu'il disait qu'il les tuerait.
Int - Et toi, qu'est-ce que tu as ressenti ?
Marilou - J'étais tellement triste ! Mais je me disais que ça valait mieux pour elle parce que quand le party pogne dans la maison, ce n'est pas très drôle. Souvent aussi, il n'y a personne qui s'occupe d'elle. Elle traîne partout et elle a des problèmes à l'école.
Int - Parlant d'école, pour toi comment ça va ?
Marilou - Pas fort. J'ai pas mal de misère à garder mon intérêt.
Int - As-tu toujours l'intention d'arrêter de consommer ?
Marilou - Oui. Je consomme de moins en moins. Mais quand il y a des choses comme ça qui m'arrivent, j'ai le goût de me geler complètement pour tout oublier.
Int - Tu dis « des choses qui m'arrivent ». Tu considères que ce qui arrive à ta petite soeur, c'est à toi aussi que ça arrive ?
Marilou - Ben oui, parce que ça me fait mal à moi aussi. On devrait être une famille. Mais là, chacun fait sa petite affaire dans son coin et personne ne se parle, sauf pour se chicaner.
Int - Parviens-tu quand même à parler avec tes parents au moins de temps à autre?
Marilou - Avec ma mère, un peu. Avec mon père, non. Il est bête. Il se fâche pour un rien et il me lance des bêtises.
Int - Sais-tu pourquoi il est comme ça ?
Marilou - Je pense qu'il n'est pas content de sa vie. Il en veut à tout le monde. Alors, il se défoule sur nous-autres et il se drogue. Mais moi, ce n'est pas de ma faute s'il n'est pas content.
Int - Et ta mère ?
Marilou - Elle aussi est pognée dans ses affaires. Elle me dit qu'elle ne peut pas changer mon père, qu'elle ne peut rien faire et que quand je serai plus vieille, je comprendrai. Elle m'écoute mais au fond, elle aime mieux ne pas savoir.
Int - Avec ton frère, ça se passe comment ?
Marilou - Il ne se passe rien. De toute façon, il est souvent ailleurs. Il se tient avec ses chums de drogue.
Int - Et ton projet de voyage, ça roule toujours ?
Marilou - Non. Si on consomme on ne peut pas faire partie du voyage. De toute façon, je me sentais de moins en moins à ma place là-dedans.
Int - Pourquoi ? Tu ne voulais plus voyager ?
Marilou - Je me sentais jugée.
Int - Comment étaient les autres membres de l'équipe avec toi ?
Marilou - Ils étaient corrects. Mais on avait des choses à faire dans le comité et là aussi j'avais de la misère à suivre. Je savais qu'ils ne me pensaient pas bonne.
Int - Ils te l'ont dit ?
Marilou - Non, mais je le sais.
Int - Est-ce que ce ne serait pas plutôt toi qui te vois comme pas bonne ?
Marilou - Je me vois comme pas bonne parce que je ne suis pas bonne : mauvaise famille, mauvais résultats, mauvaise participation, mauvaises habitudes.

Marilou se perçoit comme pas bonne. A-t-elle raison ?
 
OUI NON NON
car il y a plusieurs points négatifs dans sa vie. Elle se rend responsable d'une situation qui ne dépend pas uniquement d'elle. Elle a une imagée déformée d'elle-même qui lui fait voir ses défauts, mais pas ses qualités.

Int - Au fond, tu ressembles un peu à ton père. Tu n'es pas contente de toi, ni de ta situation, alors tu es frustrée mais toi, tu retournes ta frustration contre toi-même.
Marilou - Ben… Je n'avais jamais vu ça comme ça.
Int - Tu sais que moi, je ne te juge pas, n'est-ce pas ?
Marilou - Je le sais.
Int - Tu es consciente de tes faiblesses et ça, c'est une qualité. Mais si ça t'amène à croire que tu ne vaux pas grand-chose comme personne à cause de tes faiblesses, là, il y a un problème. Parce que tu vois, tout le monde a des faiblesses, parfois très visibles, parfois cachées, mais tout le monde en a. Est-ce que ça veut dire que personne ne vaut rien ?
Marilou - Euh… non.
Int - La prochaine fois, j'aimerais qu'on en reparle.
Marilou - OK